Alors vous pouvez maintenant trouver beaucoup de livres sur ce sujet, certains plus complets et actuels, mais celui-ci a joué un rôle pionnier.
Et il reste intéressant sur beaucoup de points. Je me souvenais des expériences d'apprentissage du vocabulaire avec une jument, je ne retrouvais plus la source, et bien BAM :
C'est Danièle qui en a réalisé avec sa jument Dalame. Elle a pendant 15 ans mené cette étude, au terme de laquelle Dalame avait assimilé 182 mots différents, et surtout saisissait également les combinaisons de mots et les phrases composées de ces mots. (Volte, 1/2 volte, épaule en dedans, huit de chiffre, galop à gauche, reste là-bas, rentre à la maison, les chiffres de 1 à 5 puis 6 et 8, piste intérieure, arrête de... , Bravo << par exemple !)
Le livre présente des études de chevaux dans le travail et en liberté.
Étude comparée des fonctions et aptitudes, Intelligence, Psychologie et applications pratiques.
On y retrouve aussi des anecdotes personnelles de l'auteur qui illustrent les différents sujets.
Très intéressante lecture donc !
Extraits choisis :
"Le
cheval n'a jamais dit un "OUI" définitif à l'homme, mais
un "OUI, à condition que...". Il garde sa marge de
liberté, et de révolte si besoin est. C'est peut-être ce qui fait
toute sa noblesse et tout son attrait. Si l'on trahit sa confiance,
on la perd définitivement la plupart du temps. Parfois ce n'est,
comme nous le disions, que maladresse, ou méconnaissance de cet
animal. C'est pourquoi il est important de comprendre comment il
"fonctionne" physiquement et psychologiquement avant de
savoir à quoi sert une jambe isolée ou un cinquième effet de rêne.
Trop
de cavaliers venus à l'équitation pour le cheval lui-même et pour
le mieux connaître s'en repartent très vite, déçus ; trop de
chevaux bien constitués, qui auraient pu être excellents, vont
grossir la masse de gâchis qu’entraîne l'ignorance de leur
psychisme et les erreurs indélébiles qu'elle entraîne. Il serait
par conséquent indispensable que les enseignements prennent
sérieusement en compte la psychologie du cheval dès les premières
leçons, ce à quoi ne les incitent pas des manuels et examens
d'équitation qui continuent de considérer l'animal comme une
machine dont il suffit de bine connaître les boutons. Il serait
temps de s'apercevoir que c'est un peu plus compliqué et plus
passionnant que cela, et qu'il est pour le moins illogique que ce qui
constitue la grande originalité de l'équitation comparée aux
autres sports, à savoir la nécessité de s'entendre avec un être
vivant d'une autre espèce, soit officiellement passé sous silence."
Avant-propos
"Psychologiquement
non seulement il ne faut pas faire d'erreurs – car avec l'animal
cela pardonne rarement – mais il faut savoir où l'on veut aller et
pourquoi on fait choix de tel moyen plutôt que de tel autre, qui
semblerait parfois plus direct et d'un effet plus immédiat. Et de
deux procédés également efficaces physiquement, l'un peut être
psychologiquement à éviter absolument avec tel cheval à tel
moment. Le cavalier doit monter surtout avec sa tête, et jamais avec
ses impulsions, notamment en compétition où l'excitation du moment
risque de lui faire oublier que le cheval n'a pas laissé son
psychisme au paddock, et que la moindre erreur se paie tôt ou tard."
Le
poids réel de la psychologie
"Dans
la nature ou au pâturage, les chevaux vivent en groupe hiérarchisé.
Cependant, ils ne se tiennent pas à proximité les uns des autres
comme les moutons en troupeau, gardant – sauf exceptions que nous
indiquerons plus bas – une distance minimum de plusieurs mètres
entre eux. On dira donc que les chevaux sont des animaux grégaires
mais non proxémistes. […] du reste, dans un espace suffisant (>14m
x N chevaux), chaque cheval évite de pénétrer par inadvertance
dans la bulle d'un autre, excepté en cas d'agression volontaire, et
chaque animal a tendance à s'écarter toute naturellement lorsqu'un
autre membre du groupe risque d'effleurer involontairement sa bulle.
Cela évite aux membres d'un groupe animal de s'épuiser à
d'inutiles conflits.
Lorsqu'on
s'approche du box d'un cheval et y pénètre, on franchit
successivement la distance personnelle, la distance critique et la
distance d'attaque (celle où, même dominé et vaincu d'avance, tout
animal sauvage acculé fonce sur l'intrus et l'agresseur). Habitué à
l'homme dès sa naissance, et si celui-ci s'y prend bien, le cheval
peut l'adopter comme compagnon, voire comme compagnon préférentiel,
donc accepter sa proximité, et même la souhaiter."
Etude
des fonctions
"L'univers
du cheval est si peu varié, les conditions de sa domestication, sont
telles, il est à ce point privé de jouets (source d'imagination et
de créativité), de contacts avec des réalités multiples et avec
le langage humain qu'il a bien du mérite à n'être pas aussi idiot
qu'il devrait normalement le demeurer !
Plus
vous lui consacrerez de temps en dehors du travail et plus vous le
verrez s'éveiller et vous étonner par des comportements de plus en
plus pensés et élaborés. Par contre, l'inaction est à la fois une
cause d'oxygénation insuffisante, d'un manque d'exercice de la
mémoire et de l'attention qui, comme nous l'avons vu, sont des
éléments indispensables au développement de l'intelligence."
"Après
une quinzaine d'années d'observations en ce domaine, je peux dire
que les chevaux dont on punit les fautes, fût-ce avec modération,
alors qu'on ne récompense jamais les actions correctes ne sont pas
très obéissants ; on en trouve même qui, comme certains enfants,
désobéissent pour qu'on s'occupe d'eux puisque seule la
désobéissance suscite une réaction de la part de l'utilisateur.
Par contre, un enfant ou un animal dont on valorise l'attention, la
compréhension, l'obéissance et la bonne exécution cherchent à
renouveler les occasions de récompenses et de plaisir en étant
attentifs, dociles et appliqués.
Aussi
(mis à part la gaule de dressage qui sert d'indication par
attouchements, qui ne punit jamais et que le cheval ne craint
absolument pas), je n'utilise ni cravache ni chambrière ; mais j'ai
toujours des éloges, des récompenses et des caresses de réserve ;
de cela le cheval ne se blasé jamais ; mieux : il en a besoin, au
point qu'il cherche sans cesse à comprende, à s'appliquer, à
réussir pour les obtenir."
"En
bref, vous voulez un cheval obéissant ; soyez simplement ferme,
sachant ce que vous voulez, dans les plus petits détails de ce qui
est nettement à sa portée ; mais, surtout, récompensez-le dans
toutes les circonstances suivantes :
- attention
- application (même si la réussite n'est pas encore parfaite ; il suffit alors de récompenser un peu moins que si elle l'était)
- compréhension
- progrès, même infime
- réussite
- effort
- initiative heureuse.
Evidemment,
plus le sujet est indocile, inattntif, rétif au départ, plus il
faut le récompenser quand, simplement, son défaut n'apparaît pas.
[…]
l'absence
de récompense est en elle-même une sanction dès que l'on sort de l’extrême facilité. Le cheval n'est pas contrariant de nature, il
le devient par la maladresse, l'ignorance, l'absence de psychologie
ou de pédagogie de l'utilisateur. Il faut alors changer sa façon de
voir les choses en adoptant une attitude plus amicale et astucieuse,
tout en restant le meneur de jeu."
"Le
rétif est un cheval qui fait des défenses. Il faut donc lui prouver
qu'on ne l'attaque pas, ce qui va lui occasionner une grande surprise
; profitons-en pour lui demander quelque chose de très simple qu'il
va exécuter machinalement ; tout aussitôt nous allons le
récompenser d'une caresse douce et d'une flatterie dont un passé
d'affrontements lui avait fait oublier l'existence. Contre quoi se
défendrait-il alors qu'on ne le comprime ni dans la main ni dans les
jambes, qu'on ne lui demande qu'un travail simple et peu prolongé,
se contentant de lui faire tranquillement refaire un mouvement un peu
moins précis, le récompensant d'avoir mieux réussi ou simplement
d'avoir donné satisfaction ? Il va rentrer à l'écurie sur une bonne
impression, ayant compris que l'homme n'est pas forcément un ennemi
et qu'il y a plus d'agrément à collaborer qu'à être en conflit
avec lui."
"Rappelons que les relations entre chevaux sont de deux types : la relation
hiérarchique dominant-dominé et la relation de compagnonnage sélectif. Si le premier type de relation s'instaure entre le cheval
et le cavalier, ce dernier peut être dominant ou dominé. Celui qui
est dominé n'obtient pas grand-chose et prend des risques. Celui qui
veut dominer obtient une obéissance contrainte, qui se maintient par
une certaine peur préjudiciable au climat de confiance que
nécessitent la compréhension et la bonne volonté de l'animal. La
domination est un modèle certes naturel mais il est illusoire de
croire qu'il s'applique parfaitement au travail car, dans la nature,
le dominé ne partage aucune activité avec le dominant, se tenant au
contraire à distance de celui-ci.
Rousselet
calquait son pacte sur celui, tout aussi naturel mais plus approprié,
qui unit à vie deux chevaux amis. Ceux-ci broutent côte à côte,
se toilettent et se chassent mutuellement les mouches (position
tête-bêche, queue balayant le corps du congénère), jouent
ensemble, se protègent parfois mutuellement des agresseurs. Ils ont
constamment le souci de ne pas contrarier l'autre ; la hiérarchie
est inutile et abolie entre eux : ils on confiance en eux-mêmes et
en l'autre et ont spontannément une respectueuse affection l'un pour
l'autre."
Psychologie
et pédagogie
"Voilà
pourquoi, avec les poulains très craintifs, on a tout intéret à
utiliser ce qu'on nomme le "maître d'école", qui n'autre
qu'un cheval confirmé sur lequel le poulain ne tardera pas à
aligner sa conduite, ce qui amènera la confiance et l'amélioration
de la qualité du travail. Car la nervosité comme la décontraction
sont infiniment communicatives. Le jeune cheval doit faire
connaissance avec tous les objets de son environnement dont les
couleurs et les formes ot tô fait de l'affoler ; mais lorsqu'il
verra son aîné passer à côté d'eux sans manifester la moindre
réaction, il se rassurera.
Quand
aux exercices, il lui sera plus facile au début de les copier que de
les comprendre. On les fera donc exécuter par le "maître
d'école" en les lui demandant."
"L'homme
garde aussi pour le cheval une part d'inconnu. Non seulement il fait
partie des espèces prédatrices, mais son comportement, mû par
d'obscures raisons aux yeux de l'animal, est d'une trop grande
variété pour ne pas l'inquiéter.
Etant
complexe, il ne lui paraît pas toujours logique. Et il y a trop de
calcul et pas assez d'innocence chez l'homme pour que l'animal, quel
qu'il soit, ne conserve pas une certaine méfiance à son égard.
D'instinct, le cheval se méfie moins des enfants qui sont plus
proches de lui par leur spontanéité et la logique simple de leur
attitude ; il les craint moins, et se montre même tolérant, presque
protecteur à leur endroit."
Caractères
d'espèce
"Mis
à part quelques sujets héréditairement caractériels, ou victimes
de mauvais traitements, d'un débourrage hâtif, de maladresses,
d'imprudences, le cheval se montre, avec l'homme, davantage un émotif
qu'un agressif. Et, s'il faut se montrer ferme dans les premières
minutes avec un dominant qui "tâte le terrain", c'est la
douceur patiente mais sans faiblesse qui convient le mieux et assure
la meilleure sécurité avec cet animal sensible, que la peur
pourrait éventuellement amener à se défendre préventivement.
Non
seulement sa peur, mais la vôtre, qui modifie l'odeur de cotre
transpiration, l'électromagnétisme de votre peau, la tension de vos
muscles. Autant de messages d'alerte qu'l perçoit à distance. Tout
comme le chien mordeur qui épargne dix passants indifférents, et se
jette sur le onzième qui le craint. J'ai côtoyé un certain nombre
d'animaux agressifs ; et s'ils m'ont épargnée, c'est parce que j'ai
la chance de réagir spontanément à l'agression par un brusque et
total relâchement, un abandon qui déroute l'agresseur. Devenue
chose inerte, privée de sensations et de tout sentiment sauf
l'amitié, je ne me sens pas concernée.
Le
corps produit alors des inhibiteurs perçus par le corps de l'animal
qui en produit à son tour (phénomène de résonance biochimique à
faiche distance, précédé d'un processus olfactif à champ plus
étendu). La douceur de la voix peut également jouer un rôle."
Il
est utile d'aborder n'importe quel cheval inconnu en ami relaxé et
confiant, et ce peut-être une question d'entraînement préalable."
Caractère
individuel
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