mercredi 13 mai 2015

Souvenirs de lectrice

Au fond de la classe, en CP : 

Pendant que les autres élèves déchiffrent des textes et lisent à haute voix, je suis calée avec un petit carton rempli de petits livres. J'ai le droit de lire pour moi-même parce que c'est trop long, d'attendre que les autres aient fini le texte super court sur lequel ils s'entraînent. Il doit y en avoir d'autres qui s'ennuient et qui lisent bien, mais qui ne demandent pas à lire encore plus. 
Les livres, je ne sais plus si c'étaient les Monsieur-Madame ou bien si ceux-là étaient à la maison. 


A la bibliothèque de l'école : 


Où je passe du temps, parce que les bibliothécaires sont chouettes (je m'en rend compte maintenant). Il n'y a pas seulement tous ces livres, les coussins partout où s'installer, les grandes fenêtres lumineuses avec les platanes dansants derrière, il y a aussi ces dames qui m'encourage à ne pas seulement lire, mais aussi écrire. Elles nous fabriquent des petits cahiers avec du papier brouillon et une agrafeuse, nous laissent des stylos et des feutres, "Allez maintenant au lieu de découvrir une histoire, créé-la !" 

Les Indiens de la rue Jules Ferry, à la maison : 


Mon premier livre préféré, l'un des premiers dont je me souviens vraiment bien. Une bande de gosses qui parcoure les rues en jouant et qui découvre des objets étonnants. Et l'oiseau qui suit la jeune fille partout. 
"Hé, mais c'est de la triche, moi aussi je veux l'appareil photo magique, et surtout un oiseau !" Identification totale au personnage, le temps de la lecture moi aussi, j'avais un oiseau qui me suivait partout. Et c'était la classe. 

Grace à ce livre, l'envie d'aller chercher dans d'autres ce qu'ils avaient pour moi, ce que je pouvais vivre par l'intermédiaire des héros. Ne plus regarder ce qu'il se passe dans l'histoire, mais entrer dedans et évoluer avec. 

Julie des loups, collège : 


Non seulement il existe ces bouquins qui parlent de ce qui nous fascine (les loups, la vie dans la nature sauvage), mais en plus ils donnent des tonnes d'infos qui s'inscrivent facilement dans la mémoire et qu'on aurait eu bien du mal à dénicher ailleurs. Maintenant je connais l'importance des postures dans le langage corporel et leur signification dans une meute de loups. 
Je n'ai jamais oublié Amaroq, ni Nails. 


Croc-Blanc, collège : 

Outre les innombrables qualités de Jack London et de ses héros animaux et humains, c'est aussi la surprise lorsque je tombe sur "La loi du Wild". Un autre système de fonctionnement, plus simple. Manger ou être mangé. 

Non que je veuille l'adopter, je pense que je serai facilement une à se faire manger, mais c'est la découverte que tout peut ne pas fonctionner immuablement selon l'échelle et les valeurs humaines ! A chaque espèce ses lois. Et cet univers dur, glacé, où les gens parviennent à survivre et à vivre, quand je ne connais que la modernité et les températures finalement tout à fait correcte de la métropole française... 

Donnez-moi encore des ces univers que l'on n'imaginait pas mais qui sont quelque part sur cette même planète où je marche ! 

Ce bouquin dont je ne sais plus le nom... : 


Et qui commençait par une phrase comme : "Une gifle l'envoya rouler sur les couvertures et la porte se referma derrière l'homme." 
Moi qui apprenait à faire des scènes d'exposition avec présentation des personnages, des lieux, etc... Ce début m'a révolté, qui quoi comment, pourquoi on entrait comme ça dans l'action violente sans rien apercevoir avant ?! C'est autorisé, d'écrire ça en première phrase ? Wouah ! 

Tous ces livres parfaits : 


Conseillés, trouvés, empruntés... Et surtout, ceux que j'ai à mon tour conseillé à des êtres chers qui ont été des plus enthousiastes à les lire, qui y ont trouvé comme moi une nouvelle couleur à la vie ou presque :) 
Le bonheur de concilier les âmes qu'on aime et les textes qu'on chérit. 


Bon y a des fois où ça ne fonctionne pas, mais quand ça fonctionne, c'est magique. 

Et tous : 


Qui m'ont permis de m'évader quand les semaines de la vie réelle semblaient longues et mornes. Ceux qui m'ont dit que ce n'était pas si grave, qu'il y avait bien assez d'univers sur la planète, sur d'autres, dans des mondes enchantés. Ceux qui m'ont montré les anti-héros qui s'en sortaient quand même parce que la volonté aide bien ! Les héros qui ne s'en sortent pas mais n'ont pas moins vécu. L'odeur du papier, les pages qui se détachent. Les bouquins parfaits, qui parviennent à faire rire, à faire pleurer et à faire rêver, espérer, vivre mieux. Les phrases magiques qui se laissent récolter, soit parce que c'est exactement ce que je pense mais en mieux écrit, soit parce que je n'y avais jamais pensé mais que ça va faire du bien de se mettre à y penser. Les auteurs qui sont plus rêveurs que moi, ceux qui écrivent avec un style terriblement efficace et que j'admire. Les auteurs qui en deux paragraphes donnent une nouvelle version de ce qu'on pensait connaître. Les récits qui prouvent que même les yeux ouverts on ne voit pas toujours grand chose. 
Avec tout ça, et l'aide des voyages, comprendre qu'il y a tout à comprendre, ne pas s'enraciner dans les certitudes, ne pas tout juger selon une échelle subjective, ni personnelle, ni humaine. Essayer d'adopter des points de vues variés, aller toujours à la recherche de nouvelles aventures et garder la curiosité. 


mardi 12 mai 2015

Ici et Maintenant, et ailleurs en même temps.



Extrait d'en ce moment. 



"Un chat franc, snob un peu, aimant les câlins mais n'ayant jamais l'air de les attendre. Un qui mène sa vie dans une confortable routine, regardant sans aucune envie s'agiter toutes les autres créatures autour de lui. Les discours passent au-dessus de lui, il clignera des yeux pour avouer qu'il entend quelques sons, dont il ne tiendra aucun compte.

Il n'y a pas que sa gamelle qui importe, mais il aime faire comme si. Après tout, il peut se passer des autres. C'est leur problème, aux autres, s'ils continuent à préférer ne pas se passer de lui. Mais quelque part à un coin de belle oreille, ça lui fait plaisir, de faire partie d'un monde particulier. Avec des personnes particulières.

Ceux qui acceptent de comprendre les chats le remarquent.


Et moi qui les adore, je m'intéresse à ce chat. Il faut dire que je m'intéresse à tous les chats, quand ils croisent ma route. Surtout quand ils s'installent un moment. Mais j'ai beau m'auto-complimenter sur ma tendance à laisser les animaux en paix au lieu de les "embêter" comme lorsque j'étais plus petite, il y a toujours un défi, toujours une envie d'au moins aller au contact. Chat, lézard, rongeur... Emile Ajar écrivait sur un idéal de tendresse essentielle, il doit y avoir de cela, mais pas que. Un genre de volonté d'observation appuyée, aussi. Ne pas se contenter d'un coup d'oeil et d'un avis global et inconsistant. "Oui, c'est un chat quoi."


Entrer dans la danse. Se rapprocher d'un pas à la fois, d'une idée de pas à la fois. Guetter la moindre réaction en face, de fuite, de défense, d'apaisement. Essayer de masquer ses intentions, trouver le temps de prendre le temps, prendre plaisir au jeu sans s'inquiéter tant que ça du résultat.


J'en suis à hésiter à tendre la main, vers ce chat plutôt rassuré et qui reste calme près de moi. La dernière fois, j'ai hésité pour deux choses : l'envie d'y mettre d'abord quelques mots "Tu me prête un bras?" par exemple, mais la crainte de briser le moment de paix chaleureuse qui existait. Puis, sans mots, le doute qu'il y aurait à ne rencontrer que de la gêne et de la politesse où j'espérais plus qu'une acceptation forcée, plus qu'une acceptation tout court.

Donc, réserve.

Et maintenant encore, réserve, car le chat n'a en rien changé son attitude. Pas plus pressé de venir quand je tends la main, pas plus ronronnant quand j'approche.


Le genre "ingrat" ou "insensible" que détestent une partie de la population. J'aime bien, moi. Parce que j'ai le temps, et mes sensations fantômes, mes scénarios qui se jouent avant d'être effacés. Parce que c'est nettement moins prévisible que tous les derniers challengers dans ce domaine là, que je trouvais trop pressés. Le jeu est plus intéressant de ne pas savoir si nos objectifs sont communs. Il est plus intéressant parce que si je parviens à m'approcher encore et à finalement pouvoir l'entendre ronronner dans mes bras, l'aventure se diversifiera.

L'enjeu est important, c'est un chat. Long time no see, so close. C'est pour ça que je serai plus frustrée de le voir s'enfuir lui, qu'un autre. Ou d'entendre qu'il a des choses bien plus importantes à gérer qu'une relation avec moi. Genre, jouer sur l'ordi. Et boire du coca."

[Nanda Devi, la Belle sauvage... à Cotonou]
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"Je me dis que si j'étais une fille cool, j'en profiterai là, tout de suite, pour le serrer dans mes bras. Mais je sais que je ne peux pas le faire, je ne suis pas cette fille cool. [...]

J'ai déjà veste, parka, sacs, je vais pour remettre encore à bien plus tard l'avancement de mon projet, puis il va passer près de moi, éconduit par le chat. Mon bras se tend, en travers de son chemin et de sa poitrine. Bougé-je ou bien se laissa-t-il ramener ? Sais pas, en tout cas je suis contre lui. Son bras dans mon dos, les yeux fermés, léger vertige délicieux. J'écoute son souffle, il y a droit à 5 respirations toutes différentes, que j'attrape et étiquette "à analyser plus tard". Dans l'instant je trouve ça super chouette, qu'elles soient toutes différentes.

Puis une légère caresse, un peu à la "there there" de Sheldon mais en moins guindé quand même. Une caresse stéréotypée, je dirai ; Ceci dit je suis loin d'avoir mon compte de ce genre de stéréotypes.
Puis "ça va ?" - Oui, fis-je en me détachant. Quelques autres phrases non-importantes.
Une re-tentative pour avoir un rencard, de ma part. Je suis vraiment une fille harcelante, parfois. Rarement.
Je pars avec ces respirations, le léger vertige et le big smile.

Maintenant je sais que je pourrai avoir toujours des premières fois, toute ma vie. Première fois que mon bras se tend sans accord officiel.


Il y a beaucoup de place sur lui pour moi. Il sent bon. Le vertige est bon signe, pas comme "Tu sens quelque chose ? - Pas autant que je le devrai." Powa !"

samedi 9 mai 2015

Où je suis [Ici], quand je suis [Maintenant]

9 mai 2015, 21h et quelques secondes. 

Vous n'aurez pas de repère aussi précis pour les prochains articles. J'ai effectivement essayé de ramener Kiara, ainsi que plusieurs autres personnages chéris. J'ai tenté de les réunir tous dans la même histoire, même que. Avec ma patience légendaire, j'ai failli les empiler tous les uns sur les autres dès les premiers paragraphes. Donc, c'est le bazar. Ils sont plongé dans un univers médiéval fantastique, parce que c'est mon préféré. Cependant, j'ai entrepris la relecture de l'intégrale de Game of Thrones. Qui est une tuerie littéraire (dans tous les sens du terme), et je n'aurai jamais le 1000ème du talent de l'auteur, ni du traducteur (gloire à lui). 

Donc, ne plus attendre Kiara, et relire Game of Thrones. 

Par contre, il existe une autre voie, conseillée par plusieurs. "Écris sur ce que tu connais" 
Ceux-là même qui parviennent à raconter des centaines d'histoires pleines de détails cohérents, vérifiables et vérifiés, de choses qu'ils n'ont forcément pas pu vivre. Je vous ai déjà parlé de la biblio de Kessel à la fin d'un de ses romans ? Le mec qui a fait au moins 3 fois le tour du monde et une fois encore à reculon, l'aventurier réel aux mille vies, avant d'écrire ce roman là (parmi les tonnes de romans, nouvelles, récits, articles...), a consulté TELLEMENT d'autres écrits sur le sujet dont il voulait traiter ! 
Epatationnant. Vive Kessel. 

Bref, je n'ai pas le courage de faire ça, lire si, mais lire assez pour espérer ne faire aucune erreur si j'entreprends l'aventure. Je vous ai déjà parlé de l'inconscience de la jeunesse quand je faisais mes premiers romans (ouais, de 3 pages, carrément) ? C'est passé et bien passé. Et puis vous êtes un public de bien meilleure qualité qu'à mes 9 ans, vous méritez donc autre chose. 


"Il est vain de s'asseoir pour écrire si on ne s'est pas levé pour vivre." a écrit Henry David Thoreau. 

Je me suis levée pour vivre. C'était dur, je n'y croyais pas trop au début, mais maintenant ça fait un moment, et ça se passe plutôt super bien. Je peux donc m'asseoir un peu pour écrire. 

Des journées de MAINTENANT et ICI, des souvenirs marquants d'AVANT aussi. Et un peu de Kiara quand même, parce que je l'aime ainsi que mes autres chéris. (Tchumok n'est pas loin). C'est ce qui arrivera dans un futur assez proche. 

Le gone disait qu'il était un écrivain non-pratiquant. J'ai trouvé ça assez génial. L'envie d'écrire n'est jamais partie, mais la pratique... Ce n'est pas grave parce que l'esprit de l'écriture m'accompagne. Mon clavier vous salue tous avec effusions. Surtout toi.