vendredi 6 juin 2014

Être adulte, ça déchire.

(Déjà on peut employer des expressions plus du tout à la mode comme "ça déchire" avec un petit sourire de c'est-fait-exprès)
Une des plus grandes tromperies de nos générations : le mythe de l'enfance et adolescence, de la jeunesse, etc.

Cause d'une foule de grands se baladant en collants et tunique verte avec une plume au chapeau, j'ai nommé le syndrome de Peter Pan.
J'ai passé quelques années à ne pas vouloir grandir. Mais maintenant que je suis du côté obscur, je peux vous en témoigner : C'est vraiment, vraiment sympa d'être adulte.

L'autre jour, j'entendais une conversation entre deux ados et une Grande Personne, qui leur tenait ce discours usé jusqu'à la corde :
"- C'est pour ça que vous devez vraiment en profiter de cette période-là, parce qu'après c'est foutu, tout devient compliqué, vous ne pouvez plus faire ce que vous voulez !
- Oui c'est vrai c'est vraiment les meilleurs temps de notre vie, en ce moment..."

"Maman dit qu'ils font ça pour que nous soyons heureux quand nous serons grands; mais d'autres fois, elle dit que les grands ne peuvent jamais être heureux et que le bonheur ne dure que le temps de l'enfance. Après ça, essayez de comprendre..."

[L'enfant qui devint fou d'amour - Edwardo Barrios]

Hé bien grande nouvelle, les amis : Les adultes mentent ! Tout ne devient pas compliqué, et on peut faire beaucoup plus de choses que vous, sans autorisation parentale !



On emmène les marmailles là où ils ont envie d'aller parfois, on leur fait faire des activités funs, on leur offre des trucs cools (ouahou, trop d'anglicismes !), ils peuvent regarder des émissions débiles au lieu de préparer la feuille d'impôts, certes. Mais tout est dépendant des parents/tuteurs/autres-adultes ; ils doivent aussi écouter toutes sortes de discours contradictoires et toujours subjectifs présentés comme des vérités absolues, céder à tous les chantages pour avoir accès à des autorisations et des facilités de déplacement ou autres, accepter des limites arbitraires et improvisées au fur et à mesure et se débrouiller pour passer à travers les moules différents que la famille propose, l'école, la mode, la société...

Non je n'ai pas été traumatisée par mon enfance, merci, c'était chouette en général. Mais à chaque âge ses avantages, et l'indépendance n'est pas un avantage léger, je vous assure.


"Un adolescent est à coup sûr devenu adulte quand il cesse de poser des questions et demande qu'on ne lui en pose pas."
[Jean Delacour]

Les complications, ça se gère. Le temps, création de l'esprit humain ou pas, il y en a toujours. Le soutien n'est plus imposé mais choisi. Nous pouvons prendre des décisions qui font peur, comme avant, et d'autres qui nous remplissent de joie, comme avant. Et oui nous en avons plus à prendre, avec plus de pression car plus de responsabilités, et tant mieux pour nous !
Ce que l'on perd en tranquillité on le gagne multiplié en liberté.


"Plus tard je voudrais être chef d'orchestre, trapéziste, artiste de music-hall, n'importe quoi mais pas adulte."
[François Morel] 

D'où : La mauvaise culpabilité et la peur que l'on donne aux enfants/ados en leur assénant que la suite de leur vie ne sera qu'une pâle prison par rapport à leurs si joyeuses-euphorisantes-innocentes premières années. Nous passons de barreaux à d'autres, et nous avons toujours des solutions pour les faire disparaître, ces barreaux. Mais à aucun moment vous n'aurez de période d'or, si vous passez votre temps à l'attendre et à croire aux corbeaux d'autres esprits pesants.
L'enfance c'est génial. L'adolescence aussi, la vie d'adulte tout pareil. Et si vous parvenez à garder au fur et à mesure tout ce que vous apporte de bon chaque étape, sans vous encombrer du pénible, vous pourrez vivre de plus en plus de choses, de mieux en mieux.

"Ne t'occupe pas des affaires des grands, tu ne peux pas comprendre."
"Tu ne va pas aller jouer à ça, c'est pour les bébés !"

Conclusion : La peur de devenir adulte, c'est la peur de ressembler à ces adultes qui de leur propre aveu se sont trahis et/ou qui ne trouvent pas leur liberté. La peur de ressembler aux adultes qui font croire tout ça pour garder un peu mieux la main sur la tête de ces jeunes indisciplinés. La peur de passer dans le camps de ceux qui sourient moins, ne sourient plus.

Mais en cherchant bien, et même en cherchant un peu seulement, (vive internet), vous trouverez des réserves infinies d'adultes qui ont vraiment trop la classe. Qui sourient, vivent leurs rêves, qui inventent des rêves encore plus enthousiasmants que ceux qu'ils faisaient petits.
Le but n'est pas de s'adultifier, mais d'évoluer. Il n'y a pas de porte condamnée qui vous empêche de retrouver n'importe quelle chose que vous aimiez faire enfant. Au contraire. Et en plus, vous pourrez le proposer à d'autres, en faire profiter et en faire des feux d'artifices.

"C'est quand même une drôle de conception de la vie que de vouloir devenir adulte en imitant tout ce qu'il y'a de plus catastrophique dans l'adultitude..."
[Muriel Barbery]


Je n'ai jamais eu personnellement la tentation inverse, celle d'aller plus vite que prévu. J'aurai du mal à en parler, même si j'ai croisé des hordes de jeunes qui le recherchaient. Notamment en bravant les interdits, en attrapant des plaisirs mis sous clefs ; il existerait des choses mauvaises pour les enfants mais délectables pour les adultes, qui n'osent se priver de ces délectables dépendances tout en insistant pour que jamais ceux qui les prennent en modèle n'y touchent. 

Il ne s'agit pas de se presser à devenir sérieux, blasé, drogué ou sinistre. Vivez ce que vous avez à vivre, maintenant, ici. Mais ne laissez pas les gens vous inquiéter plus que nécessaire, ni non plus vous tenter plus que nécessaire, sur la suite des aventures. Tout est coloré, tout brille, des surprises infinies  sont présentes partout, maintenant et tout le temps. Vous n'avez qu'à tendre vos sens.


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