vendredi 7 septembre 2018

[Lecture] Les chevaux nous parlent... si on les écoute ! - Hélène Roche

Ce livre est bien trop court. J'aurai pu continuer à en lire des pages et des pages ! Bon, nous nous contenterons des 149 passionnantes.

Présentation de l'éditeur

Kako d'Espagnac est un cheval trotteur français, compagnon de loisir d'une jeune femme. Si son profil est assez commun, son histoire l'est un peu moins. En effet, sa cavalière, Hélène Roche, est une éthologiste reconnue, spécialiste du comportement équin. Pendant quinze ans, elle l'a contemplé, observé, scruté, étudié et a engrangé une foule de détails sur sa personnalité, ses émotions, sa façon de les manifester, ses capacités cognitives, ses relations avec ses congénères, sa manière de se faire comprendre des humains ou des chevaux, etc. La récurrence de certaines situations ou, au contraire, le caractère inédit d un événement et les réactions de son cheval l'ont amenée à se questionner sur qui il est véritablement. Grâce à ses connaissances en éthologie, Hélène Roche a analysé chacune de ces anecdotes pour faire parler l histoire de Kako, sans occulter les zones d'incertitudes liées à l'interprétation humaine. Ce livre vous propose un récit à la frontière entre biographie animale et ouvrage scientifique sur le comportement du cheval, avec de nombreux liens vers les autres espèces.


Il s'agit d'observations, de temps, de vie commune, de questionnements (parfois non résolus !), d'une vision passionnée et rigoureuse. C'est beau ! 
Je vous donne à lire quelques extraits choisis (qui peuvent être longs... parce qu'ils sont intéressants et que je n'aime pas couper les choses intéressantes. Sachant que c'est ceux qui m'ont le plus attiré l’œil, mais il y a sans aucun doute bien d'autres passages qui vous parleront aussi dans les autres pages) (Autre parenthèse : c'est moi qui ai mis certaines phrases clefs en gras) : 
"Un article récent d'une équipe française propose même le cheval comme un modèle de la dépression. En effet, l'avancée technologique qui permet d'étudier le cerveau in vivo révèle des liens entre certains comportements, tels ceux rattachés à un phénomène appelé "résignation acquise" (ou apprise), et des états psychologiques de dépression humaine. Cet état plonge le sujet dans une incapacité à réagir à une situation aversive. Il est obtenu après exposition à des événements stressants sur lesquels l'homme ou l'animal n'a pas eu le contrôle. La science n'est pas seule à progresser. Grâce à l'observation de leurs patients, les praticiens emploient des techniques nouvelles pour combattre les traumatismes. L'une d'elle vise à faire envisager au patient une situation déjà vécue, sous un angle plus favorable. Les découvertes récentes en neurosciences explicitent son fonctionnement et de fait, encouragent ce type de prise en charge. Pour l'homme comme pour l'animal, la clé pour éviter qu'il ne subisse sans réagir, est de penser qu'à l'avenir il pourra contrôler la situation qu'il redoute. Le terme "résignation acquise" ne serait donc pas le plus approprié car la passivité est surmontable. Il pourrait être remplacé par "résignation par défaut"."

"Dans le management d'entreprise, un leader est une personne qui possède un certain charisme habilement mêlé d'autorité qui permet un travail d'équipe efficace et en confiance. Ce concept est depuis longtemps utilisé en éthologie pour décrire des comportements collectifs parmi différentes espèces animales, mais sous un autre sens que celui retenu dans le milieu de l'entreprise. Ainsi, un leader ne choisit pas forcément de l'être. Il s'agirait plutôt d'un consensus partagé par le groupe qui trouve que l'idée de bouger est bonne, et suivrait ainsi celui qui en a eu le premier l'initiative. Classiquement chez les équidés, les recherches ont porté sur les déplacements collectifs : qui initie le mouvement, qui mène le déplacement et comment s'y prend-il. Contrairement à ce que l'on a longtemps cru, il n'existe pas de rapport avec le rang hiérarchique. Autrement dit, en sciences, un leader n'est pas un chef auquel on obéit. Cependant, l'expérience semble compter car chez les chevaux, les jeunes ne sont jamais en tête lors de déplacements de groupe dans lesquels se trouvent des adultes. En revanche, dire qu'il existe une vieille jument leader dans un groupe est un mythe. Des études récentes sur des chevaux en conditions de vie naturelle mettent en avant que les chevaux adultes d'un groupe alternent les initiatives."

"Ainsi, le hennissement, celui qu'on imite facilement ou que l'on entend en guise de sonnerie de téléphone portable, "Hiiiii !", traduit une inquiétude liée à la séparation. Le cheval tente de garder contact avec des congénères, plus rarement avec l'humain. Vous l'entendez également souvent en rajout dans des bruitages de cinéma, dès lors qu'on vous montrera des chevaux, parfois même dans des documentaires, car apparemment personne ne trouve sexy leur mutisme."

"[…] son comportement colle tout à fait avec ce qui est documenté sur la hiérarchie de dominance chez les chevaux : on est dominant de manière relative, c'est-à-dire qu'on doit toujours dire "Kako est dominant sur Luciole" et non "Kako est dominant" tout court, sans faire référence à qui. […] Il n'y a pas de dominant absolu, seulement des individus qui n'ont pas rencontré le congénère qui leur aurait tenu tête."

"Les premières années, j'appliquais ce que j'avais appris à l'université : un mot, "Bien !" quand j'obtenais le comportement voulu, suivi dans le seconde, du bonbon, morceau de carotte ou de pomme. […] les différentes études réalisées sur différentes espèces (hormis les chevaux) montraient que l'emploi d'un signal (lumière, pastille de couleur, mot, bip...) avant la récompense était plus efficace et pouvait permettre de s'affranchir de l'aliment une fois le comportement acquis."

"Depuis ce jour, le code fonctionne, sans mot, et avec tout le monde. Deux explications sont possibles. La première est qu'au moment où je me suis positionnée face à lui ce jour où il a réussi, l'entraînement des minutes précédentes a porté ses fruits et qu'il s'agissait d'un aboutissement, alors que je pensais que des étapes supplémentaires seraient nécessaires. Une autre possibilité est ce que l'on appelle en sciences l'apprentissage "latent". La séance infructueuse avait fait son chemin dans sa tête et il avait compris mais n'avait pas eu l'occasion de me le faire savoir puisque je ne lui avais plus redemandé de croiser face à lui, pendant qu'il ne comprenait pas."

"Quand ça marche, tout le monde est content. Pourtant, la partie la plus déterminante pour qu'un enseignant progresse, est celle de la confrontation aux échecs. Je m'explique. Suivre pas pas une méthode est relativement simple. En revanche, savoir s'adapter à la situation et à la personnalité de chaque élève demande de la remise en question et de l'observation. C'est là où comprendre les théories scientifiques de l'apprentissage est d'un grand secours. La recherche de solution devient alors un jeu intellectuel très stimulant, alors qu'auparavant le ressenti était plutôt désagréable. A force, on apprend à gérer sa frustration et une progression ralentie ou une régression deviennent juste des "non-événements", comme si l'on s'était trompé de chemin et qu'il fallait en emprunter un autre. Le plus difficile est de faire abstraction de l'heure, de l'éventualité d'être en retard, du regard des autres, etc. On est vite encombré de toutes ces arrières-pensées. Il est possible en s'entraînant, et croyez-moi, les occasions de pratiquer ne manquent pas !"

"Il est par contre des cas où malgré un "remue-méninges" et x stratégies, les progrès ne sont pas au rendez-vous. Les personnes qui essaient de mettre en place de nouveaux apprentissages pour remplacer des comportements indésirables, le savent bien. Comme pour les humains, il est très difficile d'atténuer les réponses apprises dans le cadre d'un traumatisme. Et même si l'on croit avoir effacé le mauvais souvenir, il ne faut qu'une fraction de seconde pour voir le comportement (fuite, agression par exemple) resurgir. C'est ce que l'on appelle le recouvrement spontané, qui arrive lorsque le cheval (ou l’humain!) se retrouve dans un contexte qui lui évoque la situation stressante. Chez les chevaux, il existe certaines peurs que l'on pourrait qualifier d'ataviques, c'est-à-dire qu'elles semblent être présentes chez tous les chevaux et nécessitent un apprentissage pour les atténuer."

"Dans la stratégie que j'ai adoptée, on passe d'un événement à peine prévisible (en forêt, il est assez probable de déloger un chevreuil dans les fourrés) à un événement prédictible (on est certain que cela arrive grâce à un repère), car ma voix précède de quelques secondes l'événement effrayant et donc l'annonce. Des expériences qui, heureusement aujourd'hui, n'ont plus cours de la sorte, montrent que des rats préfèrent recevoir des chocs électriques signalés, même jusqu'à neuf fois plus longs ou deux à trois fois plus forts, plutôt que des chocs dont ils ne sont pas avertis. La situation était prévisible (un choc électrique allait arriver) mais malgré l'aversion forte que ce genre de traitement suscite, les rats marquent une préférence pour recevoir un traitement encore plus rude dès lors qu'il est signalé, même seulement quelques secondes auparavant, plutôt que de simplement savoir que cela se produira."

"L'emploi de la punition positive sur l'homme ou l'animal est fortement critiqué car il fait appel à un rapport de force basé sur la douleur ou la peur, l'un entraînant souvent l'autre. Y avoir recours présuppose aussi que celui ou celle qui l'exerce se sente en mesure de gagner... C'est l'aveu de l'impuissance face à un comportement indésirable de son élève, qu'il soit un animal ou un enfant. Il existe un risque à s'en servir, car si jamais la punition est exercée par une personne en colère, elle est alors employée de manière disproportionnée et mal à propos et dégrade la relation entre l'éducateur et l'élève. En revanche, c'est bien elle qui vient à l’œuvre dans le renforcement négatif.
Lorsque j'apprends à mon cheval à avancer quand il sent une traction de la longe sur son licol, je cesserai de tirer dès qu'il fera un mouvement en avant. Ainsi la fois suivante, le cheval répondra plus tôt à cette traction pour faire cesser l'inconfort et avancera à une plus légère pression. Augmenter la probabilité qu'un comportement se reproduise s'appelle "renforcer". Je renforce donc négativement le fait d'avancer (j'ai retiré la pression). Faire diminuer une réponse par une action désagréable s'appelle "punir". Dans cet exemple, mon cheval n'aura plus envie de rester immobile quand j'exercerai ma pression, car c'est désagréable. Je punis donc positivement l'immobilité (la pression s'applique pour décourager l'immobilité). Dans ce cas, la punition positive est comprise car il y a une solution autre que d'attendre que les coups cessent de pleuvoir. La punition intervient comme une manière d'aiguiller dans l'instant vers la bonne réponse.
Cela étant, les chevaux entre eux utilisent la punition, disons "sanction", par exemple en mordant un congénère qui les aurait bousculés par inadvertance. Pour autant, prendre ce que font les chevaux entre eux n'est guère un argument valable. En effet, leur laisser la possibilité de bâtir une mémoire basée sur la peur ou la douleur revient à hypothéquer notre relation. Dans la mesure où il est possible de faire différemment, on peut choisir de s'abstenir de transformer notre mécontentement en sanction. Quant à la punition négative, elle est plus rarement utilisée dans les situations d'entraînement. Elle intervient quand on travaille avec les récompenses, car tant que l'animal ne fait pas ce que l'on attend de lui, il n'obtient rien, or il sait que nous avons des récompenses qu'il convoite. Utiliser sa frustration comme motivation, si cette frustration est modérée, incite l'élève à proposer des solutions. Lorsqu'il trouve la réponse attendue, il obtient la récompense. Cela l'encourage à recommencer plus rapidement. On a donc renforcé ce comportement désiré, et punit les autres qu'il ne proposerai lus car ils n'ont pas été payants. Ces principes peuvent sembler froids et mécanistes, pourtant ils régissent nos relations humaines depuis la naissance Fort heureusement, cela ne nous dispense pas de mettre de l'empathie et des émotions dans les principes d'apprentissage, ce qui complexifie grandement les échanges entre un élève et son enseignant, homme ou animal."

"Peu importe, la sanction était clairement inappropriée. Cette mésaventure m'a montré que mon cheval était capable de porter un jugement, oui je dis bien jugement, sur mon attitude à son égard, car en l'occurrence, une réaction inadaptée de ma part avait provoqué une réaction semblable à de la colère chez lui."

"Les chiens et les chats rêvent de chasse, on le voit à leurs mouvements pendant leur sommeil paradoxal, comme cela a été étudié. Mais à quoi rêvent les chevaux ? Julien Lubrano Lavadera a tenté d'y répondre en enregistrant les vocalises de chevaux de Przewalski endormis. Après avoir passé cent quatre-vingt-dix heures sur le terrain, il a réussit à analyser sept vocalises. Toutes étaient des appels de contact, qui signifient une salutation amicale. Ce qui est surprenant est que certains individus ont émis des appels de contacts spécifiques à certaines situations qu'ils ne pouvaient pas avoir vécues eux-même : l'appel d'une jument vers son poulain pour une jument de 2 ans qui n'avait jamais pouliné, l'appel d'un étalon vers une jument pour des jeunes mâles de 2 ans qui ne se manifestent de la sorte que vers 4 ans, et, plus étrange encore, ce même appel émis par... une jument de 2 ans ! Est-ce que les chevaux reproduisent des scènes auxquelles ils ont assisté ? Est-ce qu'ils se mettent dans la peau de l'acteur ? Impossible de savoir mais ce travail original nous amène sur des pans inexplorés de la vie mentale des chevaux."

"Si l'on pouvait interroger directement l'animal, nous nous épargnerions bien des hésitations, des doutes et des tracas. La communication intuitive, animalière ou autre télépathie, prétend y parvenir. Son engouement est tel actuellement que je me dois de l'aborder même si ce sujet sort du registre scientifique à l'heure où j'écris ces lignes. J'ai justement vécu des expériences dans ce domaine avec Kako, je peux donc apporter mon témoignage. Pour couper court à tout débat qui consisterait à savoir s'il faut y croire ou pas, je vais être claire : personnellement, je ne nie pas l'existence d'un tel mode d'échange. Ce n'est pas parce que la science n'en a pas démontré l'existence qu'il s'agit forcément d'ésotérisme. Avant la découverte des ultrasons, on ignorait comment faisaient les cétacés pour communiquer sur des milliers de kilomètres, ou les chauves-souris pour chasser dans l'obscurité. Alors peut-être qu'un jour on saura expliquer l'inexplicable grâce à de nouveau outils de mesure. J'entends aussi que sans preuve, on refuse d'y croire. Mon propos n'est pas là. Je précise toutefois que je suis réservée sur cette pratique, car j'y vois des dérives possibles, notamment celle d'aller aux facilités de raisonnement sans chercher à réfléchir par soi-même. De ce fait, plutôt que de se former, se questionner, se remettre en question, de plus en plus de propriétaires d'animaux ont recours à des spécialistes de la communication animalière. Ainsi, ils vont demander si leur cheval souhaite venir dans telle pension ou s'il veut bien être acheté par une autre personne, ou ce qu'il aime faire. Or les réponses seront parfois déterminantes pour l'avenir du cheval si le cavalier suit à la lettre ce qu'on lui a transmis, faisant fi du bon sens, je dirais, animalier justement. Le foisonnement de ces télépathes est également inquiétant et les lectures données de ce que "dit" l'animal sont souvent d'une banalité déconcertante : mon cheval préfère être au pré que d'aller travailler, il trouve son propriétaire préoccupé, il a vécu un traumatisme, etc. Mon inquiétude se porte aussi du côté humain. Ces personnes qui se découvrent un don outrepassent parfois leurs compétences et se permettent de formuler des propos culpabilisants ou très personnels à l'égard des propriétaires. Sous prétexte de venir en aide à un animal, je trouve inacceptable de maltraiter une personne par des mots, quelques fois lourds de conséquences psychologiques. Vouloir aider la relation entre deux êtres consiste, à mon sens, à accompagner l'un et l'autre et à proposer des solutions plutôt qu'à faire état de constats sans issue. Je referme cette parenthèse."

"[…] ce n'est pas parce qu'un cheval exécute des exercices en liberté que la qualité de la relation avec son humain est bonne du point de vue de l'animal. […] L'emprise psychologique est tout aussi valable. Elle n'a encore jamais été étudiée chez le cheval, encore moins mise à jour. Jean-Claude Barrey, formateur en éthologie, l'a évoquée comme hypothèse dans le travail effectué en rond de longe quand on fait fuir le cheval et qu'ensuite il suit l'humain. Sans forcément abonder dans le sens des dommages cérébraux causés par cette technique ni parler de syndrome de Stockholm ce qui paraît abusif, il est possible de faire obtempérer un cheval sans que celui-ci n'ait une quelconque sympathie pour l'humain. Avec des conditionnements bien menés, on peut froidement parvenir à ses fins. […] Baser sa technique sur la peur et la fuite donne de très bons résultats, si seul le résultat est le but. Utiliser une technique similaire en dosant ses demandes à l'animal et en s'adaptant à ses réactions pour éviter la peur donnera un résultat similaire en apparence, mais le comportement de l'animal à l'égard de cet humain sera différent."

"Une idée fixe a émergé avec les approches des chuchoteurs, celle de "se faire respecter" du cheval. Je pense qu'elle est l'alter ego du concept de dominance qui sévit encore dans le milieu canin de nos jours et qui continue à alimenter des débats. Il s'agit de s'imposer à l'animal comme un supérieur hiérarchique comme cela se ferait dans son groupe social. A nous la préséance pour marcher devant et être obéi au doigt et à l’œil ! Or ce concept est rejeté par les scientifiques car il met sur le même plan des interactions au sein de l'espèce (intraspécifiques) et entre deux espèces, l'homme et le chien ou le cheval (interspécifiques), ce qui n'a aucun sens : le chien ou le cheval ne nous prend pas pour un congénère, pas plus que nous ne le prenons pour un humain. Par ailleurs, la relation de dominance permet au dominant d'une paire de congénères d'accéder prioritairement à une ressource que tous deux convoitent : nourriture, partenaire sexuel, abri... Avons-nous envie de la gamelle de notre chien ou du foin de notre cheval ? Non. De plus, évoquer les relations sociales intraspécifiques uniquement sous cet angle, c'est omettre toute la richesse et la complexité des affinités. Ainsi le partage de ressource devient possible même entre un dominant et un dominé ! J'ajoute que les animaux ne sont pas "livrés" avec les codes de leur propre espèce, ils ont besoin de plusieurs années pour être opérationnels et savoir comment se comporter en groupe. Alors avec une espèce différente, il en va de même, ils doivent apprendre ! Ce qui me chagrine encore davantage se rapporte à la sémantique. "Se faire respecter" et "dominer" évoquent une violence latente. En effet, entre eux, les animaux ont des comportements agressifs pour faire respecter leur rang, du moins au début. Cet aspect là est mis en avant par des professionnels pour encourager à être "aussi ferme que nécessaire". Certains l’interprètent comme l'usage de la force pour soumettre l'animal. Oui, il est nécessaire d'instaurer des règles de vie commune, avec un chien ou un cheval, mais par de l'apprentissage progressif, sans se prendre pour la "jument dominante" ou le "chef de meute"."

"En rencontrant des chevaux qui ne viennent pas vers les humains, qui même les fuient s'ils voient un licol, j'ai pris conscience de la volonté d'échanger avec l'humain pour Kako et inversement, de ne rien laisser paraître chez ces chevaux distants. […] En leur montrant que l'humain fait des choses plaisantes pour eux, ils finissent par changer d'attitude et cherchent à interagir, même des chevaux de plus de 20 ans. […] J'en reviens à l'importance de la prédictibilité (ils trouvent de la clarté chez certaines personnes qui pouvait faire défaut à d'autres et cela les rassure) et l'équilibre entre les événements agréables et désagréables : pour ces chevaux, encore plus que pour les autres, il faut les "payer" souvent, et proportionnellement avoir très peu d'événements aversifs."

"David Lichman, un homme de cheval américain, jovial et talentueux, utilise cette idée d'engranger des économies quand on fréquente un cheval. Un jour ou l'autre, on aura besoin de lui demander des choses, pas toujours agréables, qui seront alors débitées de notre compte. Si ce compte est mal approvisionné, on recevra peu..."

"Face aux problèmes de peur de son noiraud, il a revu à la baisse ses prétentions équestres afin de mieux s'adapter à son profil. […] Il souligne que le renoncement est une question fondamentale de l'équitation. Je partage ce point de vue et j'ai repensé aux différentes choses que je pensais faire avec Kako et que j'ai choisi de ne pas poursuivre ou d'entreprendre. […] Il n'est pas facile de se détourner de son objectif, on peut le vivre comme un échec. Mais passé ce moment, je crois plus juste et plus noble de parler de "s'adapter" à l'animal que l'on rencontre, à qui il est, comme une manière de le respecter pour aller plus loin ensemble, sur des chemins auxquels on ne songeait pas forcément auparavant."

Voilà, ça vous donne une idée de la qualité de cet ouvrage. Je vous encourage vivement à le dévorer à votre tour.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire