samedi 28 novembre 2015

Journal de Calypso [18]

26 novembre :

(ah ah, on arrive aux séances que j'ai noté à chaud, et donc hourra pour les lecteurs qui aiment lire beaucoup parce que j'ai fait un pavé pour le 27 novembre ! ^^ Enjoy !) 

Une première, je compte longer Joli Coeur dans la carrière de dressage. Les dernières fois que nous avons travaillé à pied dans cette carrière, c'était en longues rênes, et pas forcément très concluant. J'avais fini par de la manipulation proche, mener et reculer.

Je mets le filet, entre dans la carrière et lâche d'abord Calypso pour fermer la porte tranquillement et aussi parce que l'arrosage est allumé vers l'entrée, hors nous n'avons pas encore fait les présentations avec ça. Comme je m'en doutais, quand les gouttes arrivent dans les parages, le cheval n'apprécie pas du tout et s'enfuit rapidement de la zone dangereuse. Je le laisse 5 minutes tranquille puis vais accrocher la longe au mors.

J'aime bien faire une boucle avec la longe qui passe dans l'anneau du mors et dans la muserolle. Ça réduit les risques de brusquer la bouche du cheval, puisque la pression est répartie et limitée par la muserolle. Bon là je ne peux pas le faire, le mousqueton de ma longe ne passe pas dans l'anneau du mors. J'attache donc simplement le mousqueton à l'anneau gauche, c'est un mors aiguille en résine. Le mors à aiguille est votre meilleur ami quand il s'agit de longe, et de travail à pied globalement.

Je me demande un instant de quel côté de la carrière je dois travailler... En fait par quel côté de la carrière sera le plus attiré Calypso : Le côté porte, donc côté sortie ? Ou bien le fond, avec le gros argument des juments dans les paddocks voisins ?

En fait au début je vais de l'un à l'autre, cercle, marcher droit, cercle. Je m'attends à des contre-incurvations suivies de départs sauvages, mais les quelques fois où il essaie je parviens à résister assez pour rester maître de la direction globale.
Je m'installe plutôt côté porte, parce qu'elle ne l'intéresse pas du tout. Sans chercher à prédire le futur proche, je demande le trot : Tout va bien, Calypso tourne pas mal du tout, assez concentré.
Le temps de constater ça et de faire quelques tours, je demande un arrêt bien réalisé puis change de main.

Enfin j'essaie. Le temps de lui demander de partir à main droite, de sentir le coup de tête vers l'extérieur, et le voilà partit au galop vers le fond de la carrière. Merveilleux, sans être trop surprenant. Je vais le chercher, le ramène, me place, demande de marcher à droite, en essayant d'être prête à réagir et assez proche pour qu'il ai moins de marge de manœuvre : résultat, je suis prête, il a moins de marge de manœuvre, mais il a aussi incomparablement plus de force que moi. On essaie d'oublier parfois ce détail, jusqu'à ce qu'il s'en serve pour de bon, et là, mes rêves de le retenir même en agissant à temps se sentent bien ridicules.

On se rejoue la même situation encore 4 ou 5 fois, et je peux vous dire que ça semble beaucoup, quand on est au bout de la longe. Ah ah !
Je réfléchis, tout en marchant d'un côté à l'autre de la carrière pour aller chercher mon cheval qui se trouve toujours mieux à brouter l'herbe de bord de carrière qu'à faire des cercles.
J'essaie de rester Encore Plus Proche, limite travail la main près du mors, mais alors je n'arrive pas à déclencher l'impulsion, ou bien ça marche mais comme je tiens à mon idée de la journée à savoir : faire un cercle, je redonne un peu de distance, et c'est repartit pour un début de ski-nautique suivi d'une ouverture de doigts qui tiennent à leur vie. (Aucune blessure ni brûlure, vive les gants, et je ne cherche pas à rester ABSOLUMENT accrochée à la longe, de toute façon je n'y parviendrai pas.)

J'essaie aussi de faire le cercle plus du côté attirant, vers les paddocks donc, sauf que d'un coup c'est l'endroit d'où l'on vient qui semble l'attirer irrésistiblement.

Ok Ok, je manque d'idées. De muscles aussi, mais surtout d'idées. Donc, pour le principe je lui refais faire un mini cercle au pas main droite en tenant pratiquement le mors et à allure super lente, et dès que j'obtiens de quoi satisfaire mon principe, je repasse main gauche.

Y a pas à dire, ça semble facile, à main gauche. Pas, trot, galop, arrêts... Je n'insiste pas longtemps après la vérification. On fait une pause, puis je passe dans la grande carrière, direction le bidet. (Non, je ne pars pas LONGER dans la grande carrière, bande de fous!)
Je n'ai jamais encore proposé à Calypso de marcher dans le bidet (grand bac bleu peu profond qui sers de sous-bassement dans les concours d'obstacle), exercice que tous les chevaux du club connaissent bien maintenant.

Le faire passer dans le bidet ? Complètement plus facile que le longer. Et complètement plus facile que de passer du trottoir à la route, aussi. Ah ah ah. Bref, au moins ça donne une note positive à la fin de cette séance mitigée.




27 novembre :

Munie de toute ma certitude de combat : "Je m'en fous parce que je vais y arriver", je repars pour une séance de longe avec Joli Coeur.

Ce qui est sympathique quand quelque chose se passe mal la veille, c'est que je cogite involontairement pendant plusieurs heures après, même si volontairement, je n'ai trouvé aucune idée lumineuse. "Qu'est-ce que je pourrai faire pour qu'il ne m'arrache plus la longe à main droite ?"


Solution 1 : Enrêner. Si je l'empêche de faire sa traction en contre-incurvation je devrai parvenir à le garder main droite ?
Anti-Solution 1 : je n'ai pas envie d'enrêner. Il pourrait se braquer contre l'enrênement et se faire mal. Il pourra quand même démarrer s'il le veut vraiment même en incurvation/torsion.

Solution 2 : Retour au rond de longe
Anti-Solution 2 : Ça lui enlève la possibilité de me "semer", mais je réagirai par déplacement en cas de traction, et ça ne réglera pas la situation dans un plus grand espace. Ah, et le rond de longe est occupé de toute façon.

Solution 3 : Revoir les flexions à l'arrêt, la cession au licol sans chercher à longer pour l'instant.
Anti-Solution 3 : Je ne suis pas sûre d'y parvenir dans la carrière, pour l'avoir déjà tenté, les réactions seront les mêmes et donc le problème reste entier.

Finalement, je débarque au club sans être bien sûre de ce que je vais faire. Le temps de faire une heure d'équithérapie avec un groupe régulier, j'ai eu d'autres idées.

Solution 4 : Créer une barrière de barres d'obstacles, faire une sorte de mini-carrière dans la carrière.
Anti-Solution 4 : Il peut sauter, avec succès ou pas. S'il y arrive il pourra y penser pour les barrières non-temporaires. S'il se rate, il peut se faire mal.

Solution 5 : Modifier ma façon d'attacher la longe.
Anti-Solution 5 : Pas vraiment anti, mais j'ai du mal à croire que l'une des façons possibles soit suffisamment efficace pour l'empêcher de me faire faire du ski nautique...

15h30 : Je vais chercher Calypso dans son paddock, le panse.
Détail cool : je lui demande les deux antérieurs du même côté, donc il me donne et me laisse curer l'antérieur droit tenu par dessous son ventre. C'est la première fois que je lui demande ça, et il le fait bien tout de suite. Il a toujours tendance à faire un pas en avant la première fois que je lui demande une jambe, mais il finit par donner et cherche beaucoup moins à reprendre violemment.

Avant de lui passer le filet, je vais finalement mettre en place ma solution 4, j'installe une ligne de 5 barres à 1m qui barrent la largeur de la carrière de dressage, me laissant un rectangle de 20m par 30m environ. 1Mètre de haut pour les barres parce que c'est la hauteur des cubes blancs, et aussi parce que tout m'incite à croire qu'il n'essaiera pas de sauter cette hauteur là.

Ensuite Calypso met le mors plutôt facilement, cette prise d'embouchure s'améliore un peu à chaque fois sans que j'utilise de friandises, c'est chouette. J'enlève la muserolle que j'avais mis la veille, dans l'idée qu'elle ne m'avait sauvée en rien, que le mors aiguille joue bien son rôle, et que le cheval aura peut-être moins envie de se défendre des actions de longe s'il ne la sent pas. (Sait-on jamais).

Nous voilà partis pour la carrière. Puis nous entrons dans la mini-carrière, je remonte la barre mise à terre pour reconstituer ma belle barrière.

Je ne suis absolument pas sûre du résultat, allons donc tester et voir ce que ça donne.

Je commence main gauche tranquillement, comme la veille Calypso réagit bien à cette main, je lui demande quelques transitions entre l'arrêt le pas et le trot, sans soucis. La longe est accrochée par le mousqueton à l'anneau gauche du mors, tout simplement. Il est léger au bout de la longe, ne cherche ni à s'échapper à l'extérieur ni à envahir l'intérieur du cercle. J'ai de supers arrêts au "Woho Oh !" et de bonnes transitions au pas au "Maaaarcher". C'est nouveau parce que je n'avais pas encore réussi à différencier assez les transitions descendantes. C'est chouette !

Je récompense bien, respire un bon coup, et change la longe de côté. Mousqueton à l'anneau droit, comme de l'autre côté. Je demande le pas, Calypso marche mais beaucoup plus proche de moi dans le départ qu'à l'autre main.
Dilemme, si je demande la distance comme je le ferai avec un autre cheval, il risque de partir (ce que toutes les solutions évoquées cherchent à empêcher), et je m'étais justement dit que la logique voudrait travailler plus proche de lui. Mais bon, je ne peux pas le laisser faire un cercle de 10cm qui passe par mes orteils non plus. Résultat : Je lui demande de se décaler sur un cercle un peu plus grand, mais avec le plus de démagogie possible. Ah ah.

Bon, ça dure un quart de petit cercle au pas, puis voilà le mouvement de tête caractéristique, je tente comme chaque fois de le contrer par une pression au bon moment, mais le bon moment m'échappe, et Joli Coeur s'en va, démarrant au galop après avoir braqué l'encolure à gauche. Je n'ai plus qu'à observer son attitude avec la méga ligne d'obstacles : YOUPI il la longe, ma barrière a fait effet ! Du coup il fait le tour de notre rectangle et va brouter dans le coin herbeux. Je le récupère.
Redemande le cercle au pas, main droite. Je ne sais plus si nous tenons la même distance, mais c'est court, avant qu'il reprenne la longe et reparte faire un tour. Grmmmm.

Je le reprends, la bonne nouvelle c'est qu'il se laisse rattraper sans aucune appréhension, vu que je suis calme. Je suis un peu énervée, mais calme ! Combats mon énervement.
Même joueur joue encore, j'envoie puis perd Calypso encore 2 ou 3 fois, je ne sais plus. Il arrive un peu plus dans l'axe des obstacles parfois, mais tourne avant, ne fait toujours pas mine de sauter. Une des fois quand il va plonger le nez dans l'herbe de son coin favori, je l'en empêche en mettant de la pression derrière lui et en lui montrant une autre direction, avant d'avoir pris la longe. Juste pour qu'il ne gagne pas si facilement son confort "Mc Donald". Il repart donc vexé, et cette fois va bousculer un bout de ma barrière, qui s'effondre ! Mais comme l'effondrement l'impressionne, il repart dans notre rectangle et m'observe de loin relever le chandelier et replacer la barre.

Je respire. Je suis calme, mais je sens un léger désespoir poindre. Il n'y a aucune raison pour qu'il ne continue pas pendant 1 heure à m'arracher la longe, (enfin, à tirer la longe... je lâche après quelques tentative de contre-demi-tours jamais assez efficaces), voire pendant des jours, voire pendant toute sa vie. Oui, le léger désespoir aime bien exagérer comme ça, il veut faire son effet. Me parlant toute seule en allant chercher la longe : "Non mais ça va finir par changer, avec un peu de chance parce qu'il va fatiguer, et puis par la répétition, Elodie, l'obstination vaincra."

Ceci dit, reprenant courage et souffle près du cheval, je me dis qu'on peut aussi tenter la solution 5 hein ? Après tout qu'est-ce-qu'on risque ? Si je peux inclure l'anneau gauche du mors avec lequel Calypso semble moins en conflit que le droit dans l'action de la longe, ça aidera peut-être ? Donc, je décide de passer la longe en gourmette, mousqueton attaché à l'anneau gauche du mors, puis longe passant dans l'anneau droit pour venir finir dans ma main gantée.
Pendant la manipulation, je tilte également qu'à chaque échapade réussie, Joli Coeur vise toujours le même coin, où il s'arrête si je le laisse faire. Le coin herbeux, donc. ET SI, je plaçais le centre de mon cercle (moi donc) proche de ce coin ? Il cherche à fuir ici, si nous sommes déjà ici, il sera bien dérouté ! Ah ah ah. Enfin ptêtre. En tout cas, ça se tente aussi.

Voilà ma combinaison magique donc : Toujours la ligne d'obstacle pour réduire l'espace, attache de la longe en gourmette, et me réapproprier sa zone favorite de fuite.

Le changement fut assez radical. (Et le soulagement aussi : ça y est, j'ai quelque chose!)
Calypso a encore essayé et presque réussi quelques tractions, je me suis retrouvée en bout de longe deux fois, mais l'effet gourmette de la longe lui a rendu ça bien moins confortable. Alors que toutes les fois précédentes il n'avait AUCUN soupçon d'hésitation dans son échappée, maintenant il marque le coup à mes contres. Bref, encore une dizaines de tentatives de demi-tours je pense, avec pour la première fois mes actions qui parviennent à le stopper avant, je le renvoie aussitôt sur l'exercice en cours (pas, trot). Je l'ai, mon tour au pas, et j'ai des tours au trot !

Je demande un arrêt, il me le fait bien droit sans changer d'axe, départ au pas à la suite, très bien, transition trot-pas-arrêt... Magnifique ! J'ai la voix qui s'envole en lui balançant des compliments.

PAUSE. Je détache la longe, nous partons brouter. Enfin, il broute, je pose mes fesses dans l'herbe.

Ensuite nous repassons à main gauche, d'une part pour décompresser, d'autre part pour travailler les départs au galop. Monté, à moins qu'il ai Envie de galoper, j'ai du mal à le faire partir malgré différentes façons tentées, malgré le code vocal. Je me suis rendue compte qu'il partait très bien dans le rond de longe quand je mime le petit pas de galop moi-même, mais du coup je voudrai augmenter la réponse à la voix seule.

Ça fonctionne pas mal, c'est un peu mous comme départs mais on est dans une séance éprouvante à plusieurs niveaux donc je ne me formalise pas, mais ne le laisse pas ignorer le code vocal trop longtemps non plus. Le claquement de la cordelette au sol derrière lui suffit, pas besoin de le toucher, c'est déjà bien. Il me fait quelques jolis tours, je lance "Wohoo Oh !" et gagne un bon arrêt progressif avec un équilibre pas mal du tout. Classe.

RE PAUSE. Longe détachée, herbe, inspiration, expiration, etc.

Je me demande : Laisser là-dessus ? J'aimerai bien rejouer à main droite, pour pousser l'acceptation obtenue, et avoir un début plus fluide qu'en entame et en milieu de séance. Et si je tente à main droite, est-ce que je tente le galop ? Ça me semble trop ambitieux, mieux vaut assurer aux allures lentes. Mais, Calypso n'est pas du genre à chauffer, et surtout maintenant qu'il a cédé au trot, le galop me ferait un SUPER moyen d'évaluer le changement...

J'entends les premiers cavaliers des cours du soir arriver, si je refais quelque chose c'est maintenant. Allons pour la main droite. Je replace ma longe en gourmette, me place, demande le pas, le cheval entame son cercle et l'élargit assez facilement quand je le lui demande. Bien. Départ au trot, je me prépare à contrer au moins une ou deux tentatives, mais voyant cela Calypso ne les tente pas, me donnant même une seconde ou deux d'incurvation à droite ! Si je l'ai rêvé, ça compte.
Je respire et espère, demande le galop. Départ tranquille, pas de mauvaise surprise, un tour se passe sans que la félicité du moment ne soit détruite subitement. "Trooootter", transition moelleuse et il garde le trot. Arrêt, beaucoup de récompenses vocales et un bout de pomme. Dernier effort commun, en place, départ au trot, galop : "Attention ne pas se relâcher, être prête au moment où il repensera à son côté rebelle !" me dis-je. Malgré tout, je me relâche un peu et Calypso termine sur plusieurs grands cercles calmes au galop à droite, puis un Pas – Galop – Pas – Arrêt de toute beauté.

Cette fois j'enlève carrément le filet, donne le dernier bout de pomme et le laisse vaquer à ses occupations pendant que je vais ranger ma barrière de barres.

Prochaines étapes :
  • Mettre la barrière plus loin, redonner de l'espace jusqu'à l'idéal : longer dans la carrière sans mini-carrière.
  • Pouvoir accrocher la longe sur l'anneau droit seulement, comme à gauche
  • Passer des barres par terre au pas surtout pour améliorer l'allure, traînante.
  • Continuer à faire des transitions "complexes", arrêt/trot, pas/galop, etc en privilégiant la voix pour aider à la monte.

Réflexion gratuite :
C'est quand même étrange cette différence main gauche facile et main droite catastrophique. (Ex-catastrophique j'espère) Surtout que je ne le ressens pas tant que ça en selle. Je ne distingue pas de problème de locomotion qui pourrai expliquer qu'il soit plus à l'aise à gauche. Une habitude alors d'être manipulé de ce côté et donc la méfiance de devoir me surveiller de l'oeil droit ? Possibilité.
Du coup, je suis contente de l'avancée pragmatique, Calypso a fait des cercles à main droite, mais pas franchement avec toute sa bonne volonté, et j'ai biaisé pour y parvenir, sans l'avoir forcément convaincu que c'est super cool de faire des cercles à main droite. Au moins, nous savons tous deux qu'il est capable de le faire, et que c'est mieux que de continuer à batailler. ("toute la semaine, plusieurs mois, toute sa vie !" laisse tomber, désespoir, t'avais tort).


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