26 novembre :
(ah ah, on arrive aux séances que j'ai noté à chaud, et donc hourra pour les lecteurs qui aiment lire beaucoup parce que j'ai fait un pavé pour le 27 novembre ! ^^ Enjoy !)
Une première, je compte longer Joli
Coeur dans la carrière de dressage. Les dernières fois que nous
avons travaillé à pied dans cette carrière, c'était en longues
rênes, et pas forcément très concluant. J'avais fini par de la
manipulation proche, mener et reculer.
Je mets le filet, entre dans la
carrière et lâche d'abord Calypso pour fermer la porte
tranquillement et aussi parce que l'arrosage est allumé vers
l'entrée, hors nous n'avons pas encore fait les présentations avec
ça. Comme je m'en doutais, quand les gouttes arrivent dans les
parages, le cheval n'apprécie pas du tout et s'enfuit rapidement de
la zone dangereuse. Je le laisse 5 minutes tranquille puis vais
accrocher la longe au mors.
J'aime bien faire une boucle avec la
longe qui passe dans l'anneau du mors et dans la muserolle. Ça
réduit les risques de brusquer la bouche du cheval, puisque la
pression est répartie et limitée par la muserolle. Bon là je ne
peux pas le faire, le mousqueton de ma longe ne passe pas dans
l'anneau du mors. J'attache donc simplement le mousqueton à l'anneau
gauche, c'est un mors aiguille en résine. Le mors à aiguille est
votre meilleur ami quand il s'agit de longe, et de travail à pied
globalement.
Je me demande un instant de quel côté
de la carrière je dois travailler... En fait par quel côté de la
carrière sera le plus attiré Calypso : Le côté porte, donc
côté sortie ? Ou bien le fond, avec le gros argument des
juments dans les paddocks voisins ?
En fait au début je vais de l'un à
l'autre, cercle, marcher droit, cercle. Je m'attends à des
contre-incurvations suivies de départs sauvages, mais les quelques
fois où il essaie je parviens à résister assez pour rester maître
de la direction globale.
Je m'installe plutôt côté porte,
parce qu'elle ne l'intéresse pas du tout. Sans chercher à prédire
le futur proche, je demande le trot : Tout va bien, Calypso
tourne pas mal du tout, assez concentré.
Le temps de constater ça et de faire
quelques tours, je demande un arrêt bien réalisé puis change de
main.
Enfin j'essaie. Le temps de lui
demander de partir à main droite, de sentir le coup de tête vers
l'extérieur, et le voilà partit au galop vers le fond de la
carrière. Merveilleux, sans être trop surprenant. Je vais le
chercher, le ramène, me place, demande de marcher à droite, en
essayant d'être prête à réagir et assez proche pour qu'il ai
moins de marge de manœuvre : résultat, je suis prête, il a
moins de marge de manœuvre, mais il a aussi incomparablement plus de
force que moi. On essaie d'oublier parfois ce détail, jusqu'à ce
qu'il s'en serve pour de bon, et là, mes rêves de le retenir même
en agissant à temps se sentent bien ridicules.
On se rejoue la même situation encore
4 ou 5 fois, et je peux vous dire que ça semble beaucoup, quand on
est au bout de la longe. Ah ah !
Je réfléchis, tout en marchant d'un
côté à l'autre de la carrière pour aller chercher mon cheval qui
se trouve toujours mieux à brouter l'herbe de bord de carrière qu'à
faire des cercles.
J'essaie de rester Encore Plus Proche,
limite travail la main près du mors, mais alors je n'arrive pas à
déclencher l'impulsion, ou bien ça marche mais comme je tiens à
mon idée de la journée à savoir : faire un cercle, je redonne
un peu de distance, et c'est repartit pour un début de ski-nautique
suivi d'une ouverture de doigts qui tiennent à leur vie. (Aucune
blessure ni brûlure, vive les gants, et je ne cherche pas à rester
ABSOLUMENT accrochée à la longe, de toute façon je n'y parviendrai
pas.)
J'essaie aussi de faire le cercle plus
du côté attirant, vers les paddocks donc, sauf que d'un coup c'est
l'endroit d'où l'on vient qui semble l'attirer irrésistiblement.
Ok Ok, je manque d'idées. De muscles
aussi, mais surtout d'idées. Donc, pour le principe je lui refais
faire un mini cercle au pas main droite en tenant pratiquement le
mors et à allure super lente, et dès que j'obtiens de quoi
satisfaire mon principe, je repasse main gauche.
Y a pas à dire, ça semble facile, à
main gauche. Pas, trot, galop, arrêts... Je n'insiste pas longtemps
après la vérification. On fait une pause, puis je passe dans la
grande carrière, direction le bidet. (Non, je ne pars pas LONGER
dans la grande carrière, bande de fous!)
Je n'ai jamais encore proposé à
Calypso de marcher dans le bidet (grand bac bleu peu profond qui sers
de sous-bassement dans les concours d'obstacle), exercice que tous
les chevaux du club connaissent bien maintenant.
Le faire passer dans le bidet ?
Complètement plus facile que le longer. Et complètement plus facile
que de passer du trottoir à la route, aussi. Ah ah ah. Bref, au
moins ça donne une note positive à la fin de cette séance mitigée.
27 novembre :
Munie de toute ma certitude de combat :
"Je m'en fous parce que je vais y arriver", je repars pour
une séance de longe avec Joli Coeur.
Ce qui est sympathique quand quelque
chose se passe mal la veille, c'est que je cogite involontairement
pendant plusieurs heures après, même si volontairement, je n'ai
trouvé aucune idée lumineuse. "Qu'est-ce que je pourrai faire
pour qu'il ne m'arrache plus la longe à main droite ?"
Solution 1 : Enrêner. Si je
l'empêche de faire sa traction en contre-incurvation je devrai
parvenir à le garder main droite ?
Anti-Solution 1 : je n'ai pas
envie d'enrêner. Il pourrait se braquer contre l'enrênement et se
faire mal. Il pourra quand même démarrer s'il le veut vraiment même
en incurvation/torsion.
Solution 2 : Retour au rond de
longe
Anti-Solution 2 : Ça lui enlève
la possibilité de me "semer", mais je réagirai par
déplacement en cas de traction, et ça ne réglera pas la situation
dans un plus grand espace. Ah, et le rond de longe est occupé de
toute façon.
Solution 3 : Revoir les flexions à
l'arrêt, la cession au licol sans chercher à longer pour l'instant.
Anti-Solution 3 : Je ne suis pas
sûre d'y parvenir dans la carrière, pour l'avoir déjà tenté, les
réactions seront les mêmes et donc le problème reste entier.
Finalement, je débarque au club sans
être bien sûre de ce que je vais faire. Le temps de faire une heure
d'équithérapie avec un groupe régulier, j'ai eu d'autres idées.
Solution 4 : Créer une barrière
de barres d'obstacles, faire une sorte de mini-carrière dans la
carrière.
Anti-Solution 4 : Il peut sauter,
avec succès ou pas. S'il y arrive il pourra y penser pour les
barrières non-temporaires. S'il se rate, il peut se faire mal.
Solution 5 : Modifier ma façon
d'attacher la longe.
Anti-Solution 5 : Pas vraiment
anti, mais j'ai du mal à croire que l'une des façons possibles soit
suffisamment efficace pour l'empêcher de me faire faire du ski
nautique...
15h30 : Je vais chercher Calypso
dans son paddock, le panse.
Détail cool : je lui demande les
deux antérieurs du même côté, donc il me donne et me laisse curer
l'antérieur droit tenu par dessous son ventre. C'est la première
fois que je lui demande ça, et il le fait bien tout de suite. Il a
toujours tendance à faire un pas en avant la première fois que je
lui demande une jambe, mais il finit par donner et cherche beaucoup
moins à reprendre violemment.
Avant de lui passer le filet, je vais
finalement mettre en place ma solution 4, j'installe une ligne de 5
barres à 1m qui barrent la largeur de la carrière de dressage, me
laissant un rectangle de 20m par 30m environ. 1Mètre de haut pour
les barres parce que c'est la hauteur des cubes blancs, et aussi
parce que tout m'incite à croire qu'il n'essaiera pas de sauter
cette hauteur là.
Ensuite Calypso met le mors plutôt
facilement, cette prise d'embouchure s'améliore un peu à chaque
fois sans que j'utilise de friandises, c'est chouette. J'enlève la
muserolle que j'avais mis la veille, dans l'idée qu'elle ne m'avait
sauvée en rien, que le mors aiguille joue bien son rôle, et que le
cheval aura peut-être moins envie de se défendre des actions de
longe s'il ne la sent pas. (Sait-on jamais).
Nous voilà partis pour la carrière.
Puis nous entrons dans la mini-carrière, je remonte la barre mise à
terre pour reconstituer ma belle barrière.
Je ne suis absolument pas sûre du
résultat, allons donc tester et voir ce que ça donne.
Je commence main gauche tranquillement,
comme la veille Calypso réagit bien à cette main, je lui demande
quelques transitions entre l'arrêt le pas et le trot, sans soucis.
La longe est accrochée par le mousqueton à l'anneau gauche du mors,
tout simplement. Il est léger au bout de la longe, ne cherche ni à
s'échapper à l'extérieur ni à envahir l'intérieur du cercle.
J'ai de supers arrêts au "Woho Oh !" et de bonnes
transitions au pas au "Maaaarcher". C'est nouveau parce que
je n'avais pas encore réussi à différencier assez les transitions
descendantes. C'est chouette !
Je récompense bien, respire un bon
coup, et change la longe de côté. Mousqueton à l'anneau droit,
comme de l'autre côté. Je demande le pas, Calypso marche mais
beaucoup plus proche de moi dans le départ qu'à l'autre main.
Dilemme, si je demande la distance
comme je le ferai avec un autre cheval, il risque de partir (ce que
toutes les solutions évoquées cherchent à empêcher), et je
m'étais justement dit que la logique voudrait travailler plus proche
de lui. Mais bon, je ne peux pas le laisser faire un cercle de 10cm
qui passe par mes orteils non plus. Résultat : Je lui demande
de se décaler sur un cercle un peu plus grand, mais avec le plus de
démagogie possible. Ah ah.
Bon, ça dure un quart de petit cercle
au pas, puis voilà le mouvement de tête caractéristique, je tente
comme chaque fois de le contrer par une pression au bon moment, mais
le bon moment m'échappe, et Joli Coeur s'en va, démarrant au galop
après avoir braqué l'encolure à gauche. Je n'ai plus qu'à
observer son attitude avec la méga ligne d'obstacles : YOUPI il
la longe, ma barrière a fait effet ! Du coup il fait le tour de
notre rectangle et va brouter dans le coin herbeux. Je le récupère.
Redemande le cercle au pas, main
droite. Je ne sais plus si nous tenons la même distance, mais c'est
court, avant qu'il reprenne la longe et reparte faire un tour.
Grmmmm.
Je le reprends, la bonne nouvelle c'est
qu'il se laisse rattraper sans aucune appréhension, vu que je suis
calme. Je suis un peu énervée, mais calme ! Combats mon
énervement.
Même joueur joue encore, j'envoie puis
perd Calypso encore 2 ou 3 fois, je ne sais plus. Il arrive un peu
plus dans l'axe des obstacles parfois, mais tourne avant, ne fait
toujours pas mine de sauter. Une des fois quand il va plonger le nez
dans l'herbe de son coin favori, je l'en empêche en mettant de la
pression derrière lui et en lui montrant une autre direction, avant
d'avoir pris la longe. Juste pour qu'il ne gagne pas si facilement
son confort "Mc Donald". Il repart donc vexé, et cette
fois va bousculer un bout de ma barrière, qui s'effondre ! Mais
comme l'effondrement l'impressionne, il repart dans notre rectangle
et m'observe de loin relever le chandelier et replacer la barre.
Je respire. Je suis calme, mais je sens
un léger désespoir poindre. Il n'y a aucune raison pour qu'il ne
continue pas pendant 1 heure à m'arracher la longe, (enfin, à tirer
la longe... je lâche après quelques tentative de contre-demi-tours
jamais assez efficaces), voire pendant des jours, voire pendant toute
sa vie. Oui, le léger désespoir aime bien exagérer comme ça, il
veut faire son effet. Me parlant toute seule en allant chercher la
longe : "Non mais ça va finir par changer, avec un peu de
chance parce qu'il va fatiguer, et puis par la répétition, Elodie,
l'obstination vaincra."
Ceci dit, reprenant courage et souffle
près du cheval, je me dis qu'on peut aussi tenter la solution 5
hein ? Après tout qu'est-ce-qu'on risque ? Si je peux
inclure l'anneau gauche du mors avec lequel Calypso semble moins en
conflit que le droit dans l'action de la longe, ça aidera
peut-être ? Donc, je décide de passer la longe en gourmette,
mousqueton attaché à l'anneau gauche du mors, puis longe passant
dans l'anneau droit pour venir finir dans ma main gantée.
Pendant la manipulation, je tilte
également qu'à chaque échapade réussie, Joli Coeur vise toujours
le même coin, où il s'arrête si je le laisse faire. Le coin
herbeux, donc. ET SI, je plaçais le centre de mon cercle (moi donc)
proche de ce coin ? Il cherche à fuir ici, si nous sommes déjà
ici, il sera bien dérouté ! Ah ah ah. Enfin ptêtre. En tout
cas, ça se tente aussi.
Voilà ma combinaison magique donc :
Toujours la ligne d'obstacle pour réduire l'espace, attache de la
longe en gourmette, et me réapproprier sa zone favorite de fuite.
Le changement fut assez radical. (Et le
soulagement aussi : ça y est, j'ai quelque chose!)
Calypso a encore essayé et presque
réussi quelques tractions, je me suis retrouvée en bout de longe
deux fois, mais l'effet gourmette de la longe lui a rendu ça bien
moins confortable. Alors que toutes les fois précédentes il n'avait
AUCUN soupçon d'hésitation dans son échappée, maintenant il
marque le coup à mes contres. Bref, encore une dizaines de
tentatives de demi-tours je pense, avec pour la première fois mes
actions qui parviennent à le stopper avant, je le renvoie aussitôt
sur l'exercice en cours (pas, trot). Je l'ai, mon tour au pas, et
j'ai des tours au trot !
Je demande un arrêt, il me le fait
bien droit sans changer d'axe, départ au pas à la suite, très
bien, transition trot-pas-arrêt... Magnifique ! J'ai la voix
qui s'envole en lui balançant des compliments.
PAUSE. Je détache la longe, nous
partons brouter. Enfin, il broute, je pose mes fesses dans l'herbe.
Ensuite nous repassons à main gauche,
d'une part pour décompresser, d'autre part pour travailler les
départs au galop. Monté, à moins qu'il ai Envie de galoper, j'ai
du mal à le faire partir malgré différentes façons tentées,
malgré le code vocal. Je me suis rendue compte qu'il partait très
bien dans le rond de longe quand je mime le petit pas de galop
moi-même, mais du coup je voudrai augmenter la réponse à la voix
seule.
Ça fonctionne pas mal, c'est un peu
mous comme départs mais on est dans une séance éprouvante à
plusieurs niveaux donc je ne me formalise pas, mais ne le laisse pas
ignorer le code vocal trop longtemps non plus. Le claquement de la
cordelette au sol derrière lui suffit, pas besoin de le toucher,
c'est déjà bien. Il me fait quelques jolis tours, je lance "Wohoo
Oh !" et gagne un bon arrêt progressif avec un équilibre
pas mal du tout. Classe.
RE PAUSE. Longe détachée, herbe,
inspiration, expiration, etc.
Je me demande : Laisser
là-dessus ? J'aimerai bien rejouer à main droite, pour pousser
l'acceptation obtenue, et avoir un début plus fluide qu'en entame et
en milieu de séance. Et si je tente à main droite, est-ce que je
tente le galop ? Ça me semble trop ambitieux, mieux vaut
assurer aux allures lentes. Mais, Calypso n'est pas du genre à
chauffer, et surtout maintenant qu'il a cédé au trot, le galop me
ferait un SUPER moyen d'évaluer le changement...
J'entends les premiers cavaliers des
cours du soir arriver, si je refais quelque chose c'est maintenant.
Allons pour la main droite. Je replace ma longe en gourmette, me
place, demande le pas, le cheval entame son cercle et l'élargit
assez facilement quand je le lui demande. Bien. Départ au trot, je
me prépare à contrer au moins une ou deux tentatives, mais voyant
cela Calypso ne les tente pas, me donnant même une seconde ou deux
d'incurvation à droite ! Si je l'ai rêvé, ça compte.
Je respire et espère, demande le
galop. Départ tranquille, pas de mauvaise surprise, un tour se passe
sans que la félicité du moment ne soit détruite subitement.
"Trooootter", transition moelleuse et il garde le trot.
Arrêt, beaucoup de récompenses vocales et un bout de pomme. Dernier
effort commun, en place, départ au trot, galop : "Attention
ne pas se relâcher, être prête au moment où il repensera à son
côté rebelle !" me dis-je. Malgré tout, je me relâche
un peu et Calypso termine sur plusieurs grands cercles calmes au
galop à droite, puis un Pas – Galop – Pas – Arrêt de toute
beauté.
Cette fois j'enlève carrément le
filet, donne le dernier bout de pomme et le laisse vaquer à ses
occupations pendant que je vais ranger ma barrière de barres.
Prochaines étapes :
- Mettre la barrière plus loin, redonner de l'espace jusqu'à l'idéal : longer dans la carrière sans mini-carrière.
- Pouvoir accrocher la longe sur l'anneau droit seulement, comme à gauche
- Passer des barres par terre au pas surtout pour améliorer l'allure, traînante.
- Continuer à faire des transitions "complexes", arrêt/trot, pas/galop, etc en privilégiant la voix pour aider à la monte.
Réflexion gratuite :
C'est quand même étrange cette
différence main gauche facile et main droite catastrophique.
(Ex-catastrophique j'espère) Surtout que je ne le ressens pas tant
que ça en selle. Je ne distingue pas de problème de locomotion qui
pourrai expliquer qu'il soit plus à l'aise à gauche. Une habitude
alors d'être manipulé de ce côté et donc la méfiance de devoir
me surveiller de l'oeil droit ? Possibilité.
Du coup, je suis contente de l'avancée
pragmatique, Calypso a fait des cercles à main droite, mais pas
franchement avec toute sa bonne volonté, et j'ai biaisé pour y
parvenir, sans l'avoir forcément convaincu que c'est super cool de
faire des cercles à main droite. Au moins, nous savons tous deux
qu'il est capable de le faire, et que c'est mieux que de continuer à
batailler. ("toute la semaine, plusieurs mois, toute sa vie !"
laisse tomber, désespoir, t'avais tort).