mardi 13 septembre 2016

L'équitation sans cheval "En tant que cheval, je ne me sentais pas convaincue par ta demande"

A l'occasion des stages d'éthologie organisés par Anne-Sophie Grosset à Sciez cet été, nous avons proposé des moments de pratique à pied comme avec des chevaux, mais sans chevaux. 

Il s'agit d'apprivoiser de nouveaux outils, (stick, longes, exercices...), de se familiariser avec l'idée d'être "dans une énergie" plus ou moins grande, de savoir quoi faire de ses mains sans s'emmêler les pieds, de découvrir et affiner un timing à chaque demande. Tout cela peut se faire avec un cheval maître d'école, ou avec un cheval qui apprend en même temps que vous... 
Mais vous pouvez peut-être les préserver en vous passant d'eux ? 


"Mon cheval est extrêmement poli : il a attendu, pour faire tout ce qu'il savait déjà faire, que je sois capable de le lui demander." 
[John Lyons]

Matériel nécessaire : 3 humains. (Et licol, longe, stick, cônes... Selon exercice)

Pourquoi 3 ?
Le piéton éthologue, l'avant-main du cheval, et l'arrière-main du cheval. 

Le fait de se mettre à deux humains pour jouer un cheval permet d'avoir une meilleure idée de la longueur de l'animal, et des zones qu'on souhaite mobiliser. 
Et puis ça fait deux ressentis pour le prix d'un sur les actions de l'humain-éthologue. Parfois l'avant-main n'étais pas trop motivée à se mettre face à l'éthologue, mais l'arrière-main visée par le stick beaucoup plus ! 

Justement, parlant de ressenti, c'est ça qui est vraiment intéressant dans ce travail. En tant qu'humain, cela ne change finalement pas grand chose, on essaie avec la même bonne volonté et on observe le résultat en face que ce soit sur le cheval-cheval ou sur le cheval-humain. 
Mais le cheval-humain qui prend la place de l'équidé comprends tout à coup pas mal de choses "en tant que cheval" : 

> Cette envie de bouger et de devancer des demandes au lieu d'attendre quand le cavalier ne pense pas à se mettre "OFF" quand il ne veut rien. (100.000 volts tout le temps)

> Cette envie de ne pas bouger quand les demandes mêmes claires sont faites sans intention et sans énergie. Cavalier qui ne s'est pas mis "ON" 

> Les hésitations dues au manque de clarté du cavalier, ou à son manque d'assurance

> Les envies de tester un peu ces "barrières" que le cavalier met en place mais ne solidifie pas toujours. 

> Le stress qui peut monter rapidement si on associe l'incompréhension de la demande et un cavalier pressé d'obtenir la réponse qui ajoute beaucoup de pression rapidement (mais QUELLE réponse ? Pas le temps de réfléchir, il faut d'abord fuir la pression !)

> L'agacement - injustice ressentie quand une demande est faite sans préparation et avec une action trop forte d'entrée de jeu. Le cavalier ne nous laisse pas la chance de nous préparer mentalement ni physiquement pour faire quoi que soit. 

> L'envie de suivre les invitations fluides et polies et claires (tout un programme, oui)
"Ah oui, là ça donne envie !"

Vous pouvez le cheval "gentil" ou le "clown" ou le "glue". Cela permet de travailler beaucoup de variantes pour le même exercice ! Et de se retrouver moins démuni quand le vrai cheval propose des choses imprévues. 

Un autre argument massue pour cet exercice : C'est FUN. (Le fun c'est la vie)
On a vraiment beaucoup beaucoup rigolé lors des différentes cessions.
"En tant que cheval, je ne suis pas convaincu par ta demande." 
"En tant que cul, j'avais plutôt envie de me barrer à l'extérieur !"




- Vous êtes sans cesse en train de communiquer avec le cheval, de lui apprendre des choses. Sans cesse, c'est à dire même quand vous n'êtes pas concentré sur lui, quand vous êtes dans un mauvais jour, quand vous voulez tester cet exercice vu sur internet mais que votre cerveau est loin d'avoir intégré les manipulations nécessaires, quand vous venez juste lui faire un câlin au pré. 

- La façon dont vous interagissez ensemble vous laisse des impressions "il était royal aujourd'hui !", et à lui aussi "Elle est plus simple à comprendre que d'habitude !" Il vaut mieux que ces impressions soient positives, elles ont plus de chances de l'être si vous vous entraînez entre humains avant ! 



- Pour ce qui est des manipulations de matériel, vous pouvez également le faire sans le secours de cobayes (on n'a pas toujours deux autres humains dans la poche) : Personnellement j'ai bien répété mon geste de "switcher" la longe tellington pour passer de la position du dingo à celle de l'éléphant élégant : Avec une chaise. 
Il me fallait juste répéter et répéter ce geste là, pas forcément une réaction en face (Tant mieux, parce que la chaise était très stoïque). 

Bien sûr il y a plein d'autres activités sans cheval qui aident à l'équitation, travail sur la posture, sur l'équilibre, sur les énergies... Et qui ne nécessitent pas de cheval-humain. L'équipe de voltige française championne du monde cette année passe des heures en cours de danse classique, de cirque, d'endurance...

Tout ceci fera de vous un humain de cheval plus averti, expérimenté, disponible, et les chevaux apprécieront !
Bien sûr qu'ils peuvent pardonner nos erreurs, et que c'est une motivation particulière de s'améliorer ensemble, mais c'est tout de même vous qui souhaitez pratiquer l'équitation, alors c'est votre responsabilité de l'aider à trouver ça intéressant voire sympathique. (Avis perso ;) ) 

2 commentaires:

  1. Bravo pour l'article et je confirme c'était très instructif et aussi très ludique !!!
    Merci Anne-So pour cette idée géniale !!! Magaly

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  2. J'avoue c'était d'excellents moments... avec de supers sensations et caps de passés par mes élèves.... <3 à refaire!!
    Annso

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